La manif (suite et fin ????)
Source: journal Sud-Ouest
Dimanche 18 Octobre 2009
TGV ATLANTIQUE. À l'appel de nombreux élus relayés par des associations, une foule compacte a manifesté hier à Bayonne contre la création d'une ligne à grande vitesse vers l'Espagne
Manifestation anti-LGV en [PHOTOS]
LGV : 10 000 à dire non à une nouvelle ligne
12 000 manifestants selon les organisateurs, 9 600 selon la police et parmi eux, une trentaine de maires. (photo jean-daniel chopin)
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«Après ça, passer en force serait rouler sur le peuple et ses élus. » À Bayonne, devant la sous-préfecture, Jean-Louis Laduche, maire d'Ascain, désigne les 9 600 personnes sur le pavé (estimation policière). Les élus de trois intercommunalités basques à l'origine de cette manifestation (1), les associations et la foule des simples « quidams » qui les ont rejoints, ont remporté leur pari. Hier soir, leur rejet d'une nouvelle voie ferrée à grande vitesse entre Bayonne et l'Espagne est retentissant.
« Ez ! » : Non ! Le message s'affiche jusque sur les poussettes des mamans. Il y a là, bien sûr, les réseaux organisés de la protestation. Tous les partis, associations et autres syndicats. Mais aussi la masse des Basques inquiets pour leurcadre de vie. Mailis habite « ducôté d'Ustaritz ». Première « manif » pour cette lycéenne. Avec sa copine Alicia, elle pense que « la nouvelle voie va défigurer le paysage ».
« C'est honteux »
L'argument environnemental tombe de toutes les bouches. C'est le premier avancé, mais certainement pas le seul. La population s'est appropriée le débat sur la LGV dans le sud du Pays Basque. Beaucoup, comme Francis, sont capables de glisser des chiffres précis dans leur argumentaire : « On sait qu'une ligne nouvelle pourrait coûter jusqu'à 53 millions d'euros du kilomètre si on l'enterre. Pourquoi payer plus cher, alors que l'aménagement de la voie existante permettrait d'absorber le trafic des cinquante prochaines années et que ça coûterait moins cher ? »
L'étude du cabinet suisse Citec, commandée par les élus, l'atteste. Étude dont RFF (Réseau ferré de France, porteur du projet LGV) remet en cause la pertinence. Les anti nouvelle ligne partagent le sentiment d'une concertation factice menée par RFF. À intervalles réguliers, reviennent les mêmes expressions populaires : l'affaire serait « cousue de fil blanc », l'histoire « déjà ficelée ». Pour Frédéric, « c'est honteux ». Il vit à Saint-Pierre-d'Irube et croit en des intérêts supérieurs, très éloignés des préoccupations locales : « Personne n'est dupe. La nouvelle ligne va déclencher des travaux énormes. Ce sont des enjeux économiques trop importants. »
« Ni ici, ni ailleurs »
Dans la procession, le mot « lobby » imprime les pancartes. On y brocarde le centralisme, « les Parisiens » comme son incarnation. Urrugne, Arcangues, Cambo, Saint-Pée-sur-Nivelle, Bassussarry, Mouguerre... Le défilé est un itinéraire à travers le Pays Basque en colère. Et pour chaque commune, le même slogan : « Ni ici, ni ailleurs ».
Dans l'enthousiasme du moment, le président de la communauté des communes Sud Pays Basque, Michel Hiriart, revendique 12 000 « Ni, ni ». « Du jamais vu à Bayonne », assure-t-il. Et il promet avant la dispersion des troupes : « Rien ne s'arrête aujourd'hui. »
Cette démonstration de force est « une grosse marche franchie », pour Victor Pachon. Le président du Cade (Collectif des associations de défense de l'environnement), veut en faire un précédent et appelle à une nouvelle manifestation, « deuxième quinzaine de janvier ». Pour lui, la suite sera éminemment politique : « Pour les régionales, notre mot d'ordre sera zéro voix pour les pro ligne nouvelle. »
(1) À l'origine, les élus des communautés des communes Sud Pays Basque, Errobi et Nive-Adour. Ils se positionnent pour l'aménagement de la ligne actuelle entre Bayonne et l'Espagne, contre la création d'une nouvelle.
Source: journal SUD-Ouest